Le Cadix

Le Cadix est le lieu de répétition de la compagnie à Saint Laurent d’Agny (69)

Théâtres du Shaman a, depuis 1999, aménagé et équipé Le Cadix . Cet espace de répétition se trouve dans la campagne du Sud de Lyon à Saint Laurent d’Agny.

Le Cadix offre un espace de travail composé de :

•  une salle de répétition de 230 m2 avec un parquet et sans obstacles. Plusieurs aides de la Drac Rhône Alpes ont contribué, lors de sa construction, à sa bonne tenue technique.
•  un foyer / loge
•  un bureau
•  un espace d’archives-bibliothèque
•  un atelier qui permet à la compagnie de travailler et de stocker une partie de ses décors, des objets qui alimentent l’enseignement et constituent un potentiel constamment renouvelé pour les répétitions.
•  un lieu de stockage des costumes

Ces espaces permettent à la compagnie de travailler de manière autonome pour certaines phases de ses productions, de garantir la pérennité des installations scénographiques quand nous y travaillons, de pouvoir développer tout un pan de nos recherches pédagogiques. Les exercices y sont élaborés puis testés longuement.

Cet outil est essentiel au travail de Bruno Meyssat car il nécessite des temps conséquents de préparations et de répétitions. Ainsi, depuis 2000 presque toutes nos créations ont connu leurs premières répétitions dans ce lieu avant d’être finalisées techniquement dans les théâtres accueillant la création (que ce soient des théâtres nationaux ou des structures plus modestes). Ajoutons que Le Cadix nous permet des économies substantielles tant au niveau du transport, de la logistique mais aussi des séjours des artistes et techniciens que nous employons.

Le Cadix convient parfaitement à l’enseignement. Son écart permet une sérénité du travail remarquable et des horaires libres. Sa situation est propice aussi à des phases de travail en plein air, dans la campagne ou sur des terrains de sport voisins (voir un stand de tir à Givors). Nous y avons reçu des élèves écoles du TNB / Rennes (2006,2008) de l’ENSATT / Lyon (2007), de La Comédie de Saint Etienne (2013,2015,2019) et du GEIQ -NTH8 / Lyon (2013).

Dans cet espace ont également transité près de 200 acteurs et danseurs depuis 2001 lors des temps ouverts d’exercices partagés (Jardinages et Collectifs).

Parfois des ateliers ont permis des échanges entre les acteurs de la compagnie et ceux d’autres compagnies : ainsi en 2015 avec la Cie Maguy Marin.


Le Cadix a pu être mis à disposition d’artistes ou compagnie selon sa disponibilité et selon les affinités artistiques (Compagnie Catherine Baugué/Paris, Théâtre du Verseau/Lyon, Gaël Baron pour sa réalisation : Institut Benjamenta)

Photo Michel Cavalca

En 2008, Séance a été entièrement répété au Cadix puis créé dans ses murs.
Pour la première fois et pour les quatre premières représentations de ce spectacle, nous y avons accueilli du public majoritairement local (c’était notre souhait pour cette première étape) mais aussi des scolaires. Le format léger de cette réalisation l’a permis.

En 2017, nous avons répété puis créé la version « Juste le Temps« , des « dramaticules » de Samuel Beckett pour trois représentations, une version légère de « Courtes Pièces » créé le 15 Novembre 2017 à la MC2 de Grenoble.

Notes (2000)…

sur la mise en place d’un atelier près de Lyon : Le Cadix

« Une recherche, venant compléter et enrichir le travail de production :
Un lieu où tenter des expériences , expérimenter des méthodes de travail et ouvrir de nouvelles collaborations sans être dépendant des conditions techniques traditionnelles.

Il s’agit d’envisager un travail dans un tout autre rapport que celui engendré par le rendement obligé et légitime de nos productions ; décliner cet objectif avec les acteurs autant que les sons, les lumières ou les objets.
Donc, un lieu de patience aux objectifs parfois différés, un peu comme de la recherche fondamentale.

Rejoindre « l’autre vitesse » des lieux de mémoire enfouie ; trouver une façon appropriée pour encourager, recevoir et observer rigoureusement les projections mutuelles de l’acteur, de l’objet au sein d’un environnement choisi.

Cela ne demande pas des surfaces considérables.

Probablement inventer d’autres formes d’improvisation que celles que nous pratiquons avec les acteurs au sein des répétitions.

Inventer des voyages sans noms (encore) sur peu de mètres carrés .
De là, rapporter des matériaux qui seront des appuis pour le travail de production de spectacles mais qui, en eux mêmes, ne constituent pas des séquences présentables directement à un public nature prototype.
Prévoir des ouvertures vers un public invité (?) :
•  des cessions de travail avec des orientations cadrées
•  des actes solitaires (tenues de journaux /mémoires)
•  une bibliothèque d’objets ; pour les « anciens » revoir des objets datés, retrouvailles
Ranger est un acte de mémoire, de bilan et donc…une forme du commencement.

Se poser la question de « comment mieux travailler ».
C’est pour nous, entre autres choses, renouveler notre regard et notre préparation vers ce que représente une répétition (usage du temps, de moyens financiers, de l’espace, du simulacre, du documentaire …).

Imaginer des conditions naturelles et optimales quant au type de chantiers singuliers que nous créons dans nos productions. S’en donner le cadre et le temps.

Travail en relation avec des objets originaux : avec les acteurs, nouer un travail avec des objets anciens et puissants stockés en proximité immédiates du « plateau » : masques, outils, statues, terres cuites… (ils participent aux territoires de l’archéologie, de l’objet d’art et de l’ethnologie…).

Rejoindre un faisceau multiple d’intérêts de cette entreprise : « le socle vivant et inconscient ».

Questionner les dispositifs possibles d’ un spectacle à venir au tout début du processus, comme le peintre qui s’interroge sur le format qu’il va employer.
Faire venir autrement au jour l’embryon de son sujet.

Pouvoir pratiquer régulièrement le training original et nécessaire à une démarche singulière (déjà élaboré) et la transmettre aux acteurs susceptibles de nous rejoindre pour une création.
Mais aussi, bénéficier des enseignements de la part d’autres artistes ou techniciens pratiquant hors de la sphère théâtrale : kendo, danse, méthode Feldenkrais/Alexander, tir à la carabine de compétition…

De toutes façons repenser « comment répéter ? », explorer plus avant « le rôle du mental dans le travail »
Pousser plus loin certaines convictions.

Trouver des alternatives à cet adage qui nous poursuit trop souvent : « …En répétitions trop peu de temps pour pouvoir le perdre… ».

Actuellement, la pensée « en aval » d’un projet ne peut être que vision désincarnée et intellectuelle, elle demeure en attente de l’épreuve réelle avec les acteurs et ce qui se « découvre à travers » leurs gestes et leur comportement.

Pour nous la fiction de nos spectacle procède directement du documentaire des répétitions. Il s’agit ici, rien de moins, que de remettre le travail sur ses pieds…

Des solutions près de nous, si près qu’on ne les verrait pas…?

Poursuivre sur des ateliers permettant la découverte d’autres acteurs, d’autres énergies en bénéficiant pour cette première rencontre d’un cadre calme et d’un écart propice.

Presque y répéter des petites formes en leur entier, comme on tente dans des serres spéciales la croissance de plantes nouvelles et encore fragiles. »

Bruno Meyssat
Saint Laurent d’ Agny, le 18 avril 2000.