1990 / Ajax, fils de Télamon

Diffusion

Crée au festival d’Avignon
le 13 juillet 1990.

En tournée au Cargo – Grenoble, Théâtre des Ateliers – Lyon, Festival International du Caire – Egypte.

Distribution

Conception : Bruno Meyssat

Avec :
Philippe Cousin,
Marie-Eve Edelstein, Yves Neff,
Eric Rondepierre

Assistantes à la mise en scène : Christine Ferret et Joëlle Marthez
Décor et lumière : Bruno Meyssat
Conception et réalisation sonore : Alain Chignier
Création des Costumes :
Ruth Pulgram
Réalisation des costumes :
Nicole Escoffier et Costumes S.A.
Réalisation masque :
Erhardt Stiefel
Recherche et ébauche : José Arce
Régie Générale : Robert Goulier
Régie Lumière : Claude Husson

Un spectacle Théâtres du Shaman.
En coproduction avec Le Cargo – Grenoble, le Grame – Lyon et le festival d’Avignon.
Avec le concours de l’ADAMI et de l’AFAA.

Présentation

Variations visuelles autour de Sophocle.

Spectacle non narratif, le drame est donné dans le désordre, presque sans texte, conçu comme une peinture en mouvement. Toute l’histoire d’Ajax y est cependant contenue, une histoire qui s’est « charpentée » mentalement principalement autour du texte de Sophocle, mais aussi à partir de celui d’Homère.

Ce qui nous reste de la tragédie grecque, ce sont des ruines, la partie écrite incomplète d’un ensemble qui n’appartient à personne.
Pour Bruno Meyssat ce théâtre est de l’ordre de l’onde, de l’invisible. Il s’en dégage un ensemble de tensions et de rencontres, qui met en jeu des apparitions.

Photo Bruno Meyssat


Ajax reconstitue, avec les personnes qu’il convoque lui-même, les moments de son suicide.

Ajax déjà fou allant se suicider ou

Ajax déjà mort racontant ses visions ?

Dans cet état de dérèglement et de révélations sur l’instabilité de la vie, Ajax rêve ou est rêvé par les personnages qui l’entourent.

Relation aux morts – donc à l’invisible, à l’absent –. Elle constitue le centre nerveux de la tragédie de Sophocle. C’est tellement vrai qu’Ajax passe la moitié de son temps de présence sur le plateau sous forme de cadavre.
C’est toujours de lui dont on parle. Mais s’il existe, c’est comme pure absence ; s’il est présent, c’est en tant que mort. Ce qu’il a fait, ce qu’il était, continue de vivre sous forme de débat.

On est dans une zone incertaine, à la frontière – très perméable – de la vie et de la non-vie. On peut très bien raconter Ajax depuis cette zone qui ferait du récit de son suicide un récit où, sous forme de flash-back, il raconterait les scènes qui l’ont frappé visuellement avant de se donner la mort. On peut imaginer encore que, tous les soirs, du même endroit – sans doute l’Hadès – au cours d’une même cérémonie, Ajax refait les gestes nécessaires pour convoquer les esprits des morts, leur faire raconter le récit de son suicide et pris au jeu, le jouer avec eux…

Ajax est seul dans sa folie
Seul, sans amis
Seul, dans sa nuit…

L’écriture de Sophocle va entreprendre, face à cette époque granitique et roide, un portrait de la détresse et de l’effondrement de l’individu. Le destin d’Ajax installe une vibration nouvelle et laisse affleurer la fragilité de l’être humain dans son paraître de bronze.

C’est dans cette zone d’un « vivre » archaïque, cruel, illuminé et d’un sentiment vulnérable, friable de toute action que surgit la douleur et l’insupportable nuit d’Ajax.

Presse

La Croix

Par Didier Méreuze
17 Juillet 1990

Sophocle Rêvé

Libération

Par Daniel Licht
Juillet 1998

Meyssat ranime la Grèce dans les catacombes