1997 / Short Plays

Come and Go, Catastrophe, What-Where

de Samuel Beckett

Diffusion

Créé le 19 mars 1997 au Centre Culturel Français de Nairobi – Kenya.
(à l’initiative de Guy Lacroix)

Distribution

Mises en scène : Bruno Meyssat

Assistants à la mise en scène :
Geoffrey Carey, Philippe Cousin et
Jacob Otieno

Avec :
Agnès A’Aballah-Betty Achieng,
Philippe Cousin, Patrick Kamakia,
Raymond Kiruki, Hulda Mcharo,
Mukami Nijiru, Raymond Ofula,
Opiyo Okach, Jacob Otieno

Un spectacle Théâtres du Shaman en coproduction avec le Centre Culturel Français de Nairobi et avec le soutien de l’AFAA.
Spectacle en Anglais et en Swahilli.

Présentation

J’ai choisi tout d’abord de travailler autour de Samuel Beckett, puis mon choix s’est affirmé pour Quoi Où et Va-et-Vient , qui à mon sens ont une forte parenté thématique et formelle.

Mettre en scène des textes de Samuel Beckett au Kenya, pays d’Afrique anglophone, m’avait paru justifié : l’écriture économe de ses pièces s’impose magistralement, l’épanouissement de leurs potentialités ne s’éprouve paradoxalement qu’à travers la mise en oeuvre exigeante des nombreuses et impérieuses didascalies.
La confrontation avec ces deux bornes de travail me semblait à Nairobi, une heureuse nécessité.

J’ai compris sur place que le plus beau de la traversée n’était pas là… L’âpreté et la violence du quotidien subies par nos collègues acteurs africains vint très vite toucher le travail scénique et servir avec réserve ( autant qu’austérité ) la radicalité d’oeuvres comme : Quoi, Où et Catastrophe . J’ai senti alors affleurer ce que l’écriture de l’Irlandais avait de politique dans sa facture. La structure sans faille de ses textes évoquait la force d’un documentaire concis sur ce qui nous entourait.

Il peut paraître incongru que la pratique d’un auteur qualifié souvent de métaphysique, voire d’intemporel, nous ramène au centre du dépérissement contemporain des rapports humains et du “ paysage de sang alentour “.

Quoi où et Va-et-vient sont aussi des textes sur le secret et le hors-champ, ce que l’on ne peut voir, ce que l’on ne peut dire. Ce qui se dérobe à Vi, Ru, Flo, Bam, Bem, Bim, Bom est ce qui les fonde et peut-être ce qui les brûle, ce dont ils sont l’humain carburant.

Leurs paroles, surprises par nous, manifestent une connivence qui leur appartient. Elle justifie la concision du langage. L’habileté et la justesse de l’écriture transfigurent ces dialogues obscurs en verbe infini que le lecteur ou le spectateur est mis en demeure de prendre avec lui et d’indéfiniment compléter par l’usage de ses propres secrets, de ses propres obscurités ( Quoi où ) ou mélancolies ( Va-et-vient ).
Ils sont, par cela même, des textes métaphysiques, ils traitent de la condition humaine. Mais ils sont aussi politiques et évoquent, à la façon de cruelles contines, l’histoire du mal que se font les hommes entre eux.

Les deux récits se referment sur une sorte d’arrêt sur image, de rapt qu’opère l’auteur sur ses personnages de manière à nous laisser dans une sorte de “persistance textuelle” et émue, propice à la méditation.

Enfin, Beckett à travers ces deux dramaticules d’une grande discipline nous invite à laisser remonter les larmes, peut-être, mais aussi à de doux apaisements, les mains jointes ou unies aux autres mains dans le demi-jour.

Il peut paraître incongru que la pratique d’un auteur qualifié souvent de métaphysique, voire d’intemporel, nous ramène au centre du dépérissement contemporain des rapports humains et du « paysage de sang alentour ».