2002 / Mali

Centre Culturel Français de Bamako – Mali

Du 23 mars au 4 avril 2002

Coproduction Théâtres du Shaman, Bonlieu Scène Nationale – Annecy dans le cadre de la banane Bleue, Les Subsistances – Lyon, avec le soutien de l’AFAA dans le cadre de la convention AFAA/Ville de Lyon

Cette relation avec le Mali à débutée par un Atelier au Centre Culturel de Bamako, puis a donné suite à une production en France, qui a été créé le 16 Janvier 2003 à Bonlieu Scène Nationale – Annecy, puis diffusé Aux Subsistances – Lyon et à l’ Espace 600 – Grenoble, après une période de travail à Bamako entre les acteurs Français et Maliens.

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L’Atelier

L’ atelier vise à transmettre et partager une préparation de l’acteur destinée à le rendre disponible pour l’improvisation et renforcer une connaissance de lui-même nécessaire sur un plateau.
Encourager un certain nombre de cautionnement plus larges relatifs au fait d’agir ou “d’interpréter” devant les autres.

Il s’agit d’un travail “d’étirements” de l’acteur non pas tant au niveau physique qu’intérieur où sa personne privée est engagée. Nous nous appliquons à faire toucher du doigt qu’il existe pour tout acteur, un ou plusieurs points intimes de résistance qui empêchent l’épanouissement de son travail .
Cette résistance entrave la plupart du temps l’accès même vers l’état intérieur où doivent se réaliser les exercices proposés.
Cette confrontation est une aventure personnelle qu’une pratique assidue et intègre renouvelle et amplifie. Nous privilégions cette exigence, plaçant le stagiaire comme premier observateur des moments où il renonce intérieurement ou physiquement quand il affronte la difficulté originale rencontrée lors d’un exercice.
Ceci, sans faux-semblants, ni dramatisation, tel un artisan qui observe les fautes possibles de ses mains, les inattentions passagères de son esprit.

C’est le chemin intérieur qui nous importe davantage que toute technicité ou virtuosité particulières. Il s’agit de la difficile entreprise, pour l’interprète, d’être totalement présent à ce qu’il fait sur un plateau.
Faire une chose totalement avant que de passer à la suivante.
Etre au présent.
Dans cet esprit, un effort documentaire de l’acteur sur lui même (et son propre travail) sera privilégié.

L’atelier est composé de deux séquences quotidiennes et complémentaires.

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•  Tout d’abord une séquence d’exercices physiques où la vigilance, la précision, la concentration voire l’endurance seront sollicités.
Elle se déroule plus particulièrement le matin (la première semaine avec Jean-Michel Rivinoff).
Elle pourra s’approcher de la pratique sportive si nous travaillons à l’extérieur. Ce type de travail interroge le stagiaire quant à son travail d’interprète par l’exigence engendrée par le milieu naturel ou quelque témoin accidentel qui vient à passer par là.
En plein air, les attitudes artificielles sont la plupart du temps divulguées voire tonitruantes.

Cette séquence évolue vers un travail abordant la gestuelle très codifiée du théâtre classique français du XVII ème siècle, la discipline singulière qu’elle engendre, les a-priori qu’elle peut bousculer (la deuxième semaine avec Geoffrey Carey).

•  La deuxième séquence (en général l’après midi ou en soirée), avec Bruno Meyssat est consacrée à la confrontation avec les résistances intérieures de chacun. Il s’agit pour l’acteur de dégager une vision des chemins intimes qui peuvent le conduire vers un état de liberté nécessaire à l’improvisation mais aussi à tout acte théâtral.

Les exercices sont parfois très simples, tant la simplicité pose problème quand il s’agit de “se dénouer”. Les éléments “documentaires” de la vie de l’acteur, sa part d’autobiographie alimenteront ce travail.

Notes au sujet de l’improvisation

Il s’agit de séquences où l’espace, les objets, les sons et les lumières sont les partenaires principaux. L’acteur les contemple et les écoute et laisse venir à lui des actions imprévues sans que la pensée ou une quelconque stratégie de complaisance ne viennent s’interposer à cet acte.
Les obstacles réels et ceux qui sont d’ordre projectifs (qui à ce titre n’en sont pas moins réels…) seront mis en lumière. Il s’agit là pour chacun de se poser les bonnes questions quant à la manière dont sont faussées et parasitées les conditions élémentaires d’un travail.

Pourquoi ne fait-on pas une action simple, de quelle façon on l’évite, la détourne ou la rend complexe..? Quel lieu sincère, en nous-même, est vécu comme un adversaire et non comme l’allié indéfectible qu’il est en vérité ?

Cette “confrontation” est préparée par des actions où s’exerce une écoute intérieur qui passe naturellement par celle de l’autre ( de tous les “autres” : hommes, femmes, lumière, sons, température, fatigue…).

Sachant qu’en ce domaine, rien n’est jamais définitif puisque les sensations intérieures sont par essence instables il convient de rechercher le plus “petit dénominateur commun” de sa propre concentration.
Soit : un espace intérieur où le coeur, l’oreille et la vue s’ajustent en une action qui, réalisée, aussitôt en provoque une autre.

Ce travail peut se tenir dans un lieu complexe (objets, lumières et sons) ou radicalement pauvre : un ou deux mètres carrés vides avec ou sans partenaire en vis-à-vis.

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Conclusions

Ainsi, un ensemble de propositions reliées à l’imaginaire de chacun et à sa mémoire d’événements récents ou lointains ; et l’exploration des potentialités qu’offrent la lumière et le son comme impulsions pour une action entreprise vers un objet.

C’est donc aussi un travail sur la peur et l’ensemble des projections sécrétées à l’occasion des relations avec soi-même, ses partenaires, l’espace et le langage alors qu’on est exposée au regard d’autrui.

Que reste-t-il à l’acteur quand toutes les couvertures, les dramaturgies , les schémas de comportement lui sont ôtés ?
Il demeure l’endroit d’où il se déplie par un afflux de forces et de ressources qui lui appartiennent de fait et qu’il doit reconnaître.
Et parfois des instants décisifs où le “Je” est réellement un Autre…

Enfin, l’exploration d’un théâtre où l’action (y compris celle de parler provient du silence, de tous les silences possibles (ceux du corps, de l’espace, de l’esprit, de l’artifice).

La réalisation

Cette réalisation émane directement de deux séjours au Mali (à Bamako, Mopti, Djenné et Tombouctou).
Sa thématique peut-être comprise comme l’amplification de certaines pages d’un Journal de voyage quotidien à tenir (par l’écrit , la rencontre d’objets et l’usage d’une caméra vidéo DVD).

Le sujet gît dans les paysages et les confrontations.

Ces séjours ont donné lieu à la réalisation du spectacle
« Est-il vrai que je m’en vais? »