Bruno Meyssat

Bruno Meyssat fonde sa compagnie Théâtres du Shaman à Lyon en 1981.

Il pratique avant la lettre une écriture de plateau singulière où acteurs, objets, lumière et son interfèrent.

Jusqu’en 1990, il crée une dizaine de spectacles dont La visite (1988) et Ajax, fils de Télamnon (1990) d’après Sophocle au Festival d’Avignon et au Cargo/Grenoble.

Metteur en scène associé au CDN de Grenoble de 1991 à 1994 où il crée Passacaille (1992) puis Les Disparus (1993) au sujet du naufrage du Titanic.
Il voyage beaucoup, s’investit dans la formation d’acteur·rice·s : Short Plays de Samuel Beckett (1997) en anglais et en swahili au Centre Culturel Français de Nairobi/Kenya, IMENTET, un passage par l’Egypte au Caire (1997/1998) en coproduction avec l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Impression d’Œdipe (1999-2001) au TGP de Saint-Denis et Rondes de Nuit autour du Rameau d’or de Frazer (2000).

Un compagnonnage avec Les Subsistances à Lyon aboutit à Est-il vrai que je m’en vais ? Carnet de route Franco-Malien (2002). S’ensuit De la part du Ciel d’après un essai scientifique au sujet de le foudre et des maisons hantées de Camille Flammarion (2003-2005) puis Une Aire Ordinaire essai autour des textes du pédiatre Donald Winnicott (2004).

Dans ce parcours s’intercalent des mises en scène de textes : Les Mille et une Propositions (1995) d’après La Pyramide ! de Copi, Orage d’August Strindberg (1996), en 2008, Forces 1915-2008, un diptyque à partir de la pièce d’August Stramm (création française) et Courtes Pièces, des dramaticules de Samuel Beckett en 1998 puis 2017.

Avec la mise en scène de Exécuteur 14 de Adel Hakim à Lima et Buenos Aires en 2006 s’ouvre une nouvelle séquence: celle d’un théâtre « documenté » tourné vers l’histoire, sensible aux crises révélatrices de notre époque. Au Japon, des séjours à Hiroshima et Nagasaki sont à l’origine d’Observer en 2009. En 2011, ce sera Le Monde Extérieur au sujet de l’accident de la plate-forme pétrolière Deepwater, puis 15% créé au Festival d’Avignon 2012, consacré à la crise des subprimes. En 2014, il réalise Apollo à la MC2 de Grenoble .

Kairos (2015) rapporté à la crise grecque au théâtre de la Commune d’Aubervilliers poursuit cette exploration au plus près de l’actualité à laquelle s’ajoute 20mSv (2018) sur les ambiguïtés de l’industrie nucléaire française éclairées par la catastrophe de Fukushima.

Récemment avec BIFACE (2021) Bruno Meyssat revient sur la confrontation du peuple aztèque et des conquistadores espagnols emmenés par Cortés à la Conquête du Mexique. Cette collision sans préparation de deux modes d’existence qui prétendent à l’universalité y est documentée par les deux belligérants. Elle inaugure la globalisation dans laquelle nous vivons encore. Le spectacle a été, entre autres, coproduit par la MC2 et le TNS de Strasbourg.

Un protocole de travail conjuguant l’improvisation et une intense documentation partagée avec les interprètes sont le cadre nécessaire de cette écriture théâtrale impliquant l’anthropologie et les dimensions subconscientes de l’existence. La singularité du travail de l’acteur aux prises avec différentes strates de mémoire privées et collectives, accompagné par les objets et leurs projections actives, propose comme une aire de recherche.

Elle connait des prolongations pédagogiques (complétées parfois de collaborations avec des sportifs de haut niveau.
Ainsi Bruno Meyssat enseigne dans les écoles d’acteur·rice·s du TNB (Rennes) du TNS (Strasbourg), de la Comédie de Saint-Étienne, à l’ENSATT (Lyon) et à la Manufacture de Lausanne.

La photographie joue un rôle important dans l’éclosion, la documentation et la dramaturgie de ses spectacles. Il expose ces approches visuelles aux Subsistances à Lyon, au TNS, à la Comédie de St Etienne, à l’Espace Malraux de Chambéry. Il accompagne une exposition du photographe Nicalas Treatt au Centre Culturel Suédois au sujet de Strindberg et de leur commun séjour à Stockholm (1995).