2009 / OBSERVER

Diffusion

Créé le 13 novembre 2009, au Théâtre de Gennevilliers

Tournée de création :
Du 13 au 29 novembre 2009 au Théâtre de Gennevilliers,
Du 2 au 5 décembre 2009 au Théâtre de la Croix Rousse – Lyon
Du 5 au 7 janvier 2010 à l’Espace Malraux – Chambéry

Reprise 2012
le 15 juin au festival des Collines à Turin (Italie)
du 11 au 21 janvier 2012 au Théâtre National de Strasbourg

Distribution

Conception et réalisation :
Bruno Meyssat

Avec :
Gaël Baron, Marion Casabianca, Elisabeth Doll, Frédéric Leidgens,
Jean-Christophe Vermot-Gauchy,
et Pierre-Yves Boutrand

Lumière et scénographie :
Bruno Meyssat, Franck Besson,
Pierre-Yves Boutrand,
Thierry Varenne
Univers sonore :
David Moccelin et Patrick Portella
Costumes :
Gisèle Madelaine
Construction et régie plateau :
Laurent Driss et
Olivier Mortbontemps
assistante :
Josée Schuller
collaboratrice artistique :
Diane Scott

Administration et production :
Magali Fasula et Philippe Puigserver
Stagiaire administration :
Aurélie Ouang

Un spectacle Théâtres du Shaman.
En coproduction avec l’Espace Malraux scène nationale de Chambéry et de la Savoie, Théâtre2Gennevilliers, CulturesFrance, avec la participation artistique de l’Ensatt.

Remerciements : : Hiromi Tsuchida – photographe, Isao Aratani, COPAMO et Espace Culturel Jean Carmé à Mornant (69), La Trisande, IPIL – Laboratoire de Dermopharmacie et de Cosmétologie de Lyon, Laboratoire de prothèse dentaire Bienfait, Laboratoire de prothèse dentaire Gourmoux, Laboratoire de prothèse de la Part-Dieu, Villa Gillet, Théâtre de la Croix Rousse, Ecole maternelle Le Petit Prince, Ecole du Puit de la Forge.

Présentation

Hiroshima nous interroge au sujet de la visibilité du monde et de nos capacités de recevoir ce qu’on nomme le Réel dans toutes ses ampleurs.

Pour nous il ne s’agit pas de construire des images qui représentent l’horreur de cet événement hors-normes mais de l’ approcher comme un Trou Noir de l’histoire. Événement surdimensionné il déforme le réel, inédit il repousse les limites de l’ envisageable et modifie les catégories du vivant sur lesquels l’homme s’appuie pour avancer.

Nous avons travaillé face à cet événement qui de manière ultime pose la question de sa figuration. Mais il contient aussi un enseignement majeur au sujet de notre rapport au monde, à autrui, à notre part d’ombre et aux constructions de notre inconscient. Il indique ce que nous sommes capables de comprendre et de ressentir à partir d’un tel excès de tourments infligés à notre prochain.

Ces événements sont irreprésentables. Pourtant il existe une continuité entre ce monde renversé, “hors de ses gonds” et le nôtre. Cela a bien eu lieu sur terre et on peut aujourd’hui se rendre sur les lieux même où cela s’est passé, il y a soixante quatre ans.

Comment deux espaces : l’équipage de l’ Énola Gay et le sol d’Hiroshima, qui ne furent distants que de 10 kilomètres, ont-ils pu coexister ? Leur proximité est l’ Impensable. Elle révulse et parle de nous certainement. Là se forment des questions empoisonnantes.
Il faut tenter de les poser correctement.

On peut voir aujourd’hui les images tremblées filmées par C.Levy à partir de l’avion qui s’éloigne : un ciel bleu d’été, un nuage vertical et blanc dont la tige est sombre près du sol, une image maladroite laissant parfois paraître le bord du hublôt…Une cavité impensable sépare ces deux milieux comme celle qui sépare deux espèces animales. Au premier abord cette grande colonne blanche (mais aussi pourpres à Hiroshima et orangée à nagasaki) semble n’avoir que peu de lien avec une tragédie impliquant des hommes.

Pour moi, cette séquence, montrée à l’entrée du musée d’Hiroshima, est inoubliable.
C’est un film impossible, le mouvement certifie l’Histoire, gage l’impensable. Avec tout ce que l’on sait aujourd’hui de ce que ces images représentent c’est comme filmer l’intérieur d’une chambre à gaz à Auchwitz.

C’est dans l’Impossible que sont maintenus les survivants ce jour là à Hiroshima.

Toutes les catégories du vivre sont suspendues, chacun doit fournir des efforts démesurés pour se réadapter aux catégories du réel.
Les textes de Günther Anders nous apprennent comment, dans une situation comme celle-là, l’homme se trouve dépassé et dans ‘incapacité de se la représenter. Il s’agit d’ une rupture de la connaissance et de la sensibilité. Nous pouvons constater les mêmes conséquences en chacun de nous à des échelles plus modestes lors de circonstances communes.

En décembre 2006 je suis aussi allé à Hiroshima. Je me suis rendu au Musée.
J’ ai parcouru la ville en tramway et à pieds. Expérimenté combien on est étonné d’être là, d’ arpenter une ville construite au dessus d’une autre ville.
On ne ressent pas la ville “du dessus” comme artificielle ni fausse. Pourtant celle
“du dessous” s’impose comme la véritable. Le fantôme supplante le vivant.

À Hiroshima, une ville en recouvre donc une autre. Mais le sol, en dessous est celui de 1945.
Le temps a résorbé un invisible qui avait atteint là des proportions gigantesques. Mais il y a bien eu contact.

On est sidéré par ce hiatus, investi par cette archéologie d’une rare violence qu’on ressent physiquement. Nos sens semblent tricher, particulièrement la vue, tant le Musée nous a emporté vers un temps aboli de catastrophe.

OBSERVER est une tentative d’évocation, d’ accueil dans notre espace de ces autres espaces qui firent partie un jour du réel . Ils vivent en nous quelque part à l’état de refoulement (intimes ou collectifs) . Nos vies tentent de les corroder pour les faire disparaître.

Le côtoiement impossible de deux espaces inconciliables évoque l’essence même du théâtre. Le plateau tente toujours d’installer des conditions pour qu’on y voit de
l’ invraisemblable en son lieu. Celui-ci est de taille.

Si il n’y avait pas de continuité entre nos vies et ce qui s’est passé ces jours là, l’entreprise serait vaine. Hélas l’ombre portée existe sur nous car il y a bien eu un objet placé entre la lumière et nous.
Bruno Meyssat

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